gs1-neton-header-07.jpg

Des compétences au lieu d’une salade de titres

Les cadres des certifications classent les connaissances et les savoir-faire sur différents niveaux. Ils créent une transparence transfrontalière et égalisent le rapport entre les formations académique et professionnelle.

À l’origine il y avait un projet de l’UE. Le cadre européen des certifications (CEC) créé en 2008 a initié le développement de nombreux cadres nationaux de certifications (CNC) et il facilite aujourd’hui la comparaison entre les diplômes de fin d’études, également en Suisse. L’UE met en avant les aspects suivants entre autres comme points clés du CEC:
• Le CEC ne doit pas remplacer les systèmes de certification nationaux, mais faciliter la collaboration entre les pays au sujet des questions de formation.
• Le CEC englobe aussi bien la formation en école supérieure que la formation professionnelle, et il améliore ainsi la mobilité des employés et des apprenants.
• Les huit niveaux de référence décrivent ce qu’un apprenant sait, comprend et peut effectuer. Le niveau 1 s’applique à une personne avec des connaissances générales de base, mais sans formation ni éducation. Le niveau 8 correspond aux connaissances de pointe et s’applique à partir du doctorat.
• Le CEC part des résultats d’apprentissage et non de la durée de la formation. Les principaux descripteurs des niveaux de référence sont les aptitudes, les connaissances et les compétences.

Sur cette base, 43 cadres de certification nationaux ont été créés dans les pays européens. Avant l’introduction du CEC, il n’y en avait que trois. La plupart des CNC comportent huit niveaux, cependant le cadre français en a cinq et celui de l’Irlande présente dix niveaux. C’est ce qui ressort d’une publication à l’occasion du dixième anniversaire du CEC. Actuellement, les activités ne sont plus concentrées sur la création des CEC, mais sur l’attribution des niveaux et le contrôle des certifications. De nombreux pays à travers le monde se sont inspirés du concept du CEC. Selon les données, plus de 150 cadres de certification nationaux existent ou sont en cours de création.

La formation professionnelle est revalorisée
En plus, le CEC a amélioré dans de nombreux pays l’équivalence entre les formations académique et professionnelle. Les critères d’affectation du CEC sont formulés de manière neutre du point de vue du cursus de formation. Ils ne prescrivent donc pas les niveaux auxquels la formation académique et la formation professionnelle doivent se situer. Lors de la mise en application du CEC, il a été constaté que les certifications liées à un métier peuvent atteindre les niveaux 5 à 8. En Allemagne et en Autriche, le diplôme de fin d’études de maître artisan se trouve par exemple au niveau 6, où l’on trouve également un diplôme bachelor.

La Suisse tient naturellement compte de son système de formation dans le cadre national de certification. Pour l’environnement de l’enseignement supérieur, le CNC est composé des trois niveaux consécutifs bachelor, master et doctorat. De son côté, le CNC pour la formation professionnelle comporte huit niveaux, selon le Secrétariat d’état à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI). Les diplômes suivants sont classés selon ces niveaux:

• Formation professionnelle de base: attestation fédérale de formation professionnelle (AFP) et certificat fédéral de capacité (CFC)
• Formation professionnelle supérieure: examen professionnel fédéral (EP) avec brevet fédéral, examen fédéral professionnel supérieur (EPS) avec diplôme fédéral, formations reconnues par la Confédération des écoles techniques supérieures avec diplôme ES, ainsi que les diplômes des responsables de formation professionnelle

Le classement des plus de 700 diplômes au total est effectué individuellement pour chaque diplôme sur demande de l’organisme respectif responsable. Le SEFRI décrit en détail les exigences pour chaque niveau, comme le montrent les exemples suivants:

Niveau 1
Les professionnels remplissent des exigences simples dans un domaine d’activités clair et solidement structuré. Ils exécutent leurs tâches suivant des instructions.
• Niveau 4
Les professionnels reconnaissent et traitent les tâches techniques dans un domaine de travail global en évolution.
• Niveau 7
Les professionnels traitent de nouvelles tâches et problématiques complexes et pilotent des processus en autonomie, dans un contexte de travail orienté vers la stratégie. La structure des exigences est marquée par des modifications fréquentes et imprévisibles.

Le SEFRI gère une liste en ligne des diplômes déjà classés. Les assistants de bureau AFP sont classés au niveau 3, le serrurier sur véhicules avec CFC au niveau 4, tout comme les logisticiens avec CFC. Un gérant du commerce de détail ou une experte en management d’organisation avec diplôme fédéral atteint le niveau 7, où l’on retrouve les titulaires d’un master de l’enseignement supérieur. L’expert diplômé en comptabilité et en controlling se trouve au niveau 8 du CNC de la formation pro professionnelle, ce qui correspondrait à un doctorat dans l’enseignement supérieur. Chez GS1 Switzerland également, de nombreux diplômes de l’offre de formation continue sont classés. Les examens professionnels avec brevet fédéral se trouvent au niveau 5 et les examens professionnels supérieurs au niveau 7. Ceci atteste de la qualité de ces formations, comme par exemple celle de directeur logistique avec diplôme fédéral ou de directeur de supply chain avec diplôme fédéral.

Un bon outil de comparaison
Selon Christine Davatz, le CEC et le CNC suisse constituent de très bons outils de comparaison dans le domaine de la formation. Davatz est directrice adjointe de l’Union suisse des arts et métiers (Usam). Elle trouve qu’il est particulièrement judicieux que le classement soit effectué sur la base des compétences acquises et non de la formation ou du titre du diplôme. Le classement des diplômes de la formation professionnelle supérieure montre qu’elle permet d’acquérir des compétences équivalentes à celles de la formation académique. Ceci est très avantageux en particulier pour la reconnaissance à l’étranger des diplômes suisses de la formation professionnelle supérieure. Ainsi le cadre de certifications encourage d’une part la mobilité des professionnels suisses à l’étranger, mais aussi d’autre part un débat public plus large sur la qualité des formations en Suisse. Davatz critique la perception par l’opinion publique de la formation académique, considérée comme d’un niveau trop élevé par rapport à la formation professionnelle supérieure. Elle maintient que dans les PME de l’Usam, la formation professionnelle supérieure dans l’encadrement a autant de valeur qu’un diplôme académique.

Malentendus répandus
 L’association des HES de Suisse mentionne quelques points remarquables, qui apparemment génèrent régulièrement des malentendus. Le classement à un niveau du CNC indique les compétences, mais il ne confère aucun titre. Ainsi le classement d’un diplôme au niveau 6 du CNC Formation professionnelle ne permet pas de porter le titre de bachelor, selon la page Internet de l’association. Ce classement signifie simplement que le diplôme est classé au même niveau du CEC que les diplômes académiques de bachelor. Il ne signifie pas que le diplôme de formation professionnelle est transférable dans le système des écoles supérieures. De plus, le classement d’un diplôme n’a aucune influence sur l’admission à d’autres formations. Seule l’institution qui accueille en décide. En outre, le diplôme d’une école professionnelle supérieure de niveau 6 ne représente pas une passerelle vers une formation raccourcie en HES. Les HES devraient statuer elles-mêmes à ce sujet, maintient l’association faîtière.

 Alexander Saheb

Nach oben