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Un secteur dans le nid-de-poule du corona

Les entreprises suisses de logistique ont traversé la crise du corona avec une bonne organisation et elles ont connu des réductions considérables des volumes de transport. Pour la période postérieure, la question de la sécurité de la chaîne d’approvisionnement se pose sous un jour nouveau. 

Les grandes entreprises suisses de logistique et de transport se sont adaptées rapidement et avec professionnalisme aux nouvelles réalités de la crise du corona, et elles ont mis en place des concepts de réaction appropriés. Dès février, l’entreprise Emil Egger AG a enregistré les premiers signes des événements à venir. Pour la gestion de la crise, elle a misé sur des conférences téléphoniques quotidiennes avec les décideurs. L’échange a permis de prendre des mesures avant que le Conseil fédéral ne décide le confinement. C’est ce que rapporte Markus Egger, qui représente la troisième génération des dirigeants de cette entreprise familiale, au cours d’un entretien avec GS1 Switzerland.

Paquets de mesures complexes
Les choses se sont déroulées de manière très similaire pour Galliker Transport & Logistics face aux nouveaux défis. Comme le signale Rolf Galliker, directeur exécutif et président du Conseil d’administration, une task force a été mise en place. Celle-ci a évalué la situation et a décidé les mesures en fonction des prescriptions. Les mesures incluaient l’élaboration de concepts de protection et l’installation de dispositifs de protection. Les contrôles d’accès ont été renforcés et un outil pour réaliser des vidéoconférences a été installé.

Chutes considérables des volumes de transport
Ces mesures radicales ont laissé de profondes traces dans la balance des comptes courants. L’entreprise Emil Egger a perdu environ la moitié de ses expéditions et de son chiffre d’affaires dans le Tessin. En Romandie, c’est surtout le site d’Avenches qui a été touché, le volume reculant de 40 %. Sinon le directeur exécutif Markus Egger a estimé le recul global à environ 20 %. Rolf Galliker signale également une baisse du volume de commande» et une restriction des voyages d’affaires, même pour les visites aux clients.

Concernant l’avenir, Rolf Galliker pense que des mois voire des années vont s’écouler avant que le volume de commandes dans la logistique automobile et dans le transport international de marchandises ne se rétablisse. De plus, les achats en ligne devraient jouer un rôle plus important après la crise du corona qu’avant. Ainsi, les événements ont apporté à Galliker des opportunités grâce à une forte poussée de la numérisation dans l’entreprise elle-même, et aussi le potentiel pour de nouvelles commandes dans le domaine du stockage et de la préparation de commandes, en raison du développement du commerce en ligne.

Le fret aérien pourrait perdre des parts de marché au profit du rail
Le trafic de fret a également fortement baissé dans le transport aérien. Il est vrai que depuis le SARS, il existait des plans d’intervention en cas de pandémie concrets dans les entreprises, mais selon Peter Somaglia, président de IG Air Cargo Switzerland, une situation comme celle du corona ne s’était jamais présentée. Au cours d’un entretien avec GS1 Switzerland, il a en outre affirmé que les volumes de fret ont très fortement chuté à Zurich et Genève: à Zurich de la moitié environ, et davantage à Genève. Cependant, et de manière surprenante, l’aéroport de Bâle a pu maintenir son volume de fret. Gian Carlo Alessi, le responsable du fret de l’EuroAirport Bâle-Mulhouse, a expliqué ceci par le fait que les vols de fret au départ de Bâle sont surtout intraeuropéens et transportent essentiellement des produits pharmaceutiques.

Critique des supply chains allégées
Entre temps, le professeur Erik Hofmann, de l’Institut de gestion de la supply chain à l’Université de Saint-Gall, a porté un regard sur l’avenir après le corona. Selon lui, les entreprises qui investissent maintenant dans leur supply chain, pour éviter d’être contraintes à agir à l’aveuglette lors de la prochaine crise, auront un net avantage. Dans sa dernière analyse, le scientifique critique a posteriori le fait que les architectures d’approvisionnement ont été marquées en particulier par la tendance à la réduction des coûts d’achat. Ceci a généré des supply chains très allégées. Les processus sont conçus pour l’efficience et le juste à temps, sans stocks intermédiaires ni stocks tampons. Selon Hofmann, les entreprises à l’avenir devront connaître l’intégralité de leur réseau de fournisseurs. Dans la valorisation des fournisseurs, en plus du prix et de la qualité des produits, il faudra également prendre en compte la prévention des crises.

Alexander Saheb

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